En entendant une Praticienne en cours de formation il y a quelques jours, j’ai réalisé mon degré d’exigence vis-à-vis des personnes qui m’entourent.
Loin de moi l’idée de m’en excuser mais en être consciente va, je l’espère, m’aider à être plus dans l’empathie et la compréhension et à ajuster mes façons de faire.
Ce que je déteste
Alors, dans le désordre, ce que je déteste aujourd’hui (voire ce qui peut me faire fuir !)
Les gens qui ne me regardent pas dans les yeux quand je parle :
Lorsque cela se produit, je cherche désespérément à capter le regard et à établir un contact visuel avec l’autre….
Mais force est de constater que certaines personnes ont un regard qui a du mal à se poser sur l’autre (souvent parce qu’elles font plusieurs choses en même temps ou sont sur-sollicitées par ce qui les entoure) et / ou ont carrément un regard fuyant, c’est-à-dire une difficulté à regarder l’autre, à plonger dans la profondeur des yeux (ne dit-on pas d’ailleurs que les yeux sont le « miroir de l’âme »).
Les gens qui me coupent la parole pour ramener les choses à eux :
Je suis sûre que vous en connaissez aussi, ces personnes qui saisissent la moindre occasion pour parler de leur expérience, raconter leur vécu et (trop souvent malheureusement) plaquer leurs solutions.
Difficile dès lors de se sentir écouté(e) et d’avoir envie de poursuivre quand on a été coupé dans son élan.
Les gens qui jugent, étiquettent et condamnent les autres (en pensant me réconforter) :
Imaginez la scène, je suis en train de raconter une expérience douloureuse impliquant un protagoniste que mon interlocuteur ne connaît pas.
Croyant me soutenir et abonder dans mon sens, ce dernier accable la personne qui cause ma souffrance, sans la connaitre.
Pas très aidant, car je n’ai pas besoin d’entendre que l’autre est en dessous de tout pour me sentir accueillie dans ce que je ressens.
Les gens qui me donnent des conseils que je n’ai pas sollicités :
Là aussi, j’imagine que vous avez déjà vécu ça, vous venez de raconter votre histoire et votre interlocuteur s’empresse de vous dire… ce qu’il ferait à votre place !
Comme si les deux situations étaient identiques et interchangeables ! Assez désastreux là encore pour se sentir entendu(e) !
Tous ces comportements sont évidemment intolérables quand on est en relation d’aide.
La posture APACHE
La posture de l’aidant présuppose d’offrir son regard à l’autre, de l’écouter sans jugement et sans lui donner de conseils. C’est la base de la posture APACHE que je transmets dans la formation Devenir Praticien Cuisine Thérapie© et que j’invite surtout à expérimenter grâce à des mises en situations pratiques et très souvent ébouriffantes en termes de prise de conscience !
Mais ce qui m’a surprise, c’est de constater que mes exigences en tant qu’aidante s’étaient comme propagées dans ma vie personnelle, me rendant plus pointilleuse et susceptible (ou en tout cas plus difficile à contenter) quand je suis en situation de demander de l’aide à un proche.
Alors comment faire pour ne pas devenir trop exigeante voire intolérante vis-à-vis des personnes qui s’efforcent de m’apporter leur aide ?
Annoncer ses besoins
L’antidote que j’ai trouvé est tout simplement d’annoncer clairement à l’autre ce dont j’ai besoin pour me sentir soutenue !
Pas toujours facile mais :
1/ je n’ai rien trouvé de mieux pour vivre une expérience d’aide satisfaisante,
2/ cela m’aide à sortir de ma zone de confort et faire preuve d’assertivité !
Concrètement, je peux dire à l’autre :
- « J’ai besoin que tu me regardes et que tu sois présent(e) à ce que je te dis » ou « J’ai la sensation que ce n’est peut-être pas le bon moment, peux-tu me dire quand tu seras disponible »,
- « J’ai envie que tu m’écoutes jusqu’au bout, cela me fait du bien de ‘’cracher ma Valda’’, je suis sûre que ça ira mieux après »,
- « Je n’ai pas envie de conseils, j’ai juste besoin que tu m’écoutes et m’accueilles dans ce que je ressens »,
- « Je n’ai pas envie de t’entendre me dire que c’est un(e) minable, ce n’est pas ça qui me fait du bien »,
- Ou tout simplement « J’ai juste envie que tu me prennes dans tes bras » (parce que parfois, c’est tout ce qui compte !).
Je suis curieuse de savoir comment tout cela résonne pour vous !
Voyez-vous d’autres situations qui vous hérissent le poil ?
Avez-vous d’autres antidotes pour y faire face ?
N’hésitez pas à me le partager dans les commentaires, je vous répondrai avec plaisir !
Praticien Cuisine Thérapie :
10 questions pour savoir si ce métier est fait pour moi
Merci pour cette article et surtout ce bel antidote : je me suis retrouvé à 100% et je pourrai rajouter comme chose qui ne m incite pas à me confier:
– si la personne à qui je parle fait autre chose en même temps ( ex: cuisiner et en même temps me parler)
– lorsqu elle minimise( cela aurait pu etre pire …) ou essaye pour me réconforter par des dictons(du genre tout trouve son sens quand on ne le cherche pas ou autres phrase de developpement personnel)
-ou en mode coaching (que peux tu retirer de cette situation ?)
Je n en veux pas à ses personnes car leurs intentions est d etre gentilles ou réconfortantes mais cela provoquait chez moi une sensation de ne pas etre vu et accueilli ou pire de la culpabilité de ne pas savoir recevoir….. donc merci de ce partage car je vais tenter de poser mes besoins plus clairement la prochaine fois et SURTOUT de moi même faire attention à ne pas faire les mêmes erreurs
Bon continuation
Merci pour ce partage très riche Emilie !
Oh oui, les phrases toutes faites de dév perso, au secours aussi !! Un ticket direct pour la culpabilisation, je suis d’accord !
Dans les antidotes, il y a aussi l’idée de « choisir » consciemment les personnes à qui on se confie en fonction de son besoin du moment (être « juste » écouté(e), être réconforté(e) par qqn qui abonde dans notre sens, être « bousculé(e) » par qqn qui va au contraire nous aider à prendre les choses autrement…..
Vaste sujet !!
Merci Emanuelle pour ta réponse.
Et effectivement je ne m etais pas poser la question consciemment « vers qui » je choisis de me confier et je prendrai ce temps dorénavant plutôt que de me le dire après quand je suis déçu (en marmonnant « je le savais »😏)
MERCI!
ça fait gagner de l’énergie, c’est sûr !!
Je reconnais les principes de la CNV … merci
C’est clair qu’il y a une grosse louche de CNV dans tout ça…. et c’est tellement essentiel ! Encore un truc qu’on devrait apprendre à l’école, non ?
Emmanuelle,je rejoins les exemples de « Barret »dans l idée que la personne minimise un maximum,comme : » c est pas grave,il y a bien pire! »réflexion qui peut aider à relativiser mais dans un autre sens peut bloquer totalement le dévoilement de l’autre personne,et de ce fait donner effectivement le sentiment de culpabilité 🙄c est important pour la personne à ce moment précis de se décharger.
Merci beaucoup pour les antidotes,je vais en utiliser très rapidement !!
Avec plaisir Cathy…. « 1 de perdu, 10 de retrouvé » / « y’a des choses plus graves » et autres « essaie de relativiser » ne m’a personnellement jamais aidée parce qu’en effet, non seulement on se sent nié dans ce qu’on ressent mais en plus ça fait culpabiliser !!
j’ai du mal à me dire que je « déteste » certaines postures et je renonce à les mettre dans des cases ….je passerai plus par la phase » Tolérance », … . par exemple détester Les gens qui ne me regardent pas dans les yeux quand je parle … j’en suis moi même victime portant des lentilles progressives je ne peux regarder dans les yeux car je vois flou de près …alors rester dans le non jugement est mon objectif.
Par contre je déteste les personnes de mauvaise foi qui font tout pour ne pas vous comprendre.mais n’est ce pa moi qui des fois m’exprime mal ?
Bravo pour votre bienveillance à toute épreuve Caroline !
Mauvaise foi ou compréhension difficile, la question se pose parfois, on est d’accord !
En ce moment pour moi ce sont les conseils ou remarques tels que « c’est pas le moment de changer de travail, il faut faire attention, tu vois pas vers quoi le monde va alors te lance pas …. » je n’ai pas envie de l’entendre du coup les personnes que je sais vont essayer de le dire , je ne parle pas de mon projet et si elles demandent à savoir, je leur explique jentiment que je leur en parlerais le moment venu mais pas maintenant
Oh la la, que ça me parle !! Oui, mille fois OUI, tourne-toi vers les personnes qui te soutiennent et t’énergisent et laisse de côté (pour le moment) les sceptiques, ceux qui doutent et projettent finalement leurs propres peurs sur toi !! C’est tellement important d’être entourée par des personnes qui croient en nous !!! Très sage décision Pascaline !
Une situation qui peut me rendre hystérique : l’interlocuteur auquel vous vous confiez ou racontez même quelque chose d’anodin, qui vous coupe la parole en disant « moi AUSSI », et qui bien sûr a connu mieux, pire, bien plus grave, beaucoup plus intéressant …… etc
et qui finalement parle de lui et ne vous a absolument pas écouté ni entendu!! Ma seule antidote malheureusement c’est la fuite…. Une seule envie, me boucher les oreilles !
Oh oui, ça me parle Marie-Edith…. c’est clair que c’est pénible !!
Peut-être que certaines formulations (« et donc, pour en revenir à ce que je disais », « je vais terminer si tu permets ») peuvent sans doute permettre à l’autre de se rendre compte de ce qu’il est en train de se passer…. A essayer ?