Une évidence d’abord : le cuisinier est celui qui transforme les aliments, celui qui leur donne forme : par la magie de la cuisine, des aliments simples et bruts vont être associés ou assemblés avec d’autres, voire transformés avec l’assaisonnement ou la cuisson. Et parce que ce qui se crée dans la cuisine va ensuite se déguster et disparaître, cuisiner renvoie donc à bien des égards à notre vie sur terre et permet de faire l’apprentissage de l’impermanence des choses.
Quel que soit le temps pris à cuisiner, quel que soit le soin apporté à leur élaboration et leur rendu final, toutes les créations culinaires vont finir broyées et digérées. Considérée comme d’un art éphémère, la cuisine va souvent de pair avec la photographie, qui permet d’immortaliser les créations culinaires. Cette volonté de garder une trace par le biais de l’image explique sans doute l’essor du food art, ces représentations culinaires à visée esthétique qui utilisent la nourriture comme matériau de base de la créativité (voir l’excellente rubrique dédiée au food art sur le site de Food Geek and Love). La photographie prolonge l’expérience culinaire et lui donne une existence tangible.
Rien ne va perdurer des créations culinaires, si ce n’est quand même le vécu et le plaisir de la dégustation et/ou du partage. D’où l’intérêt, en tant que mangeur, d’élargir l’expérience sensorielle au-delà de la seule satisfaction gustative. Etre capable d’apprécier un plat visuellement et sur les plans olfactif, auditif et tactile permet de globaliser un souvenir qui resterait immatériel sinon. Partager ses ressentis avec sa tablée ou sur les réseaux sociaux procèdent du même ordre, celui de faire durer le souvenir en le partageant. C’est sans doute ce qui explique l’origine de la food porn, la capacité à faire saliver et éveiller les sens juste avec un visuel de qualité.
Pour autant, certaines personnes restent réfractaires à la cuisine car elles jugent que les efforts consacrés à cuisiner n’en valent pas la peine, compte tenu de la durée de vie des plats et de la fugacité de leur existence. Il est vrai qu’il est parfois déroutant de constater la vitesse à laquelle les plats disparaissent une fois posés sur la table. Mais cette réticence à cuisiner pour ces raisons spécifiques n’est-elle pas en soi riche de sens ? Se détacher de ce qui est concret, tangible et durable est en effet une première étape indispensable à qui souhaite cuisiner.
Cuisiner en dit donc long sur notre façon d’accueillir l’impermanence des choses, et plus largement sur notre tolérance au changement. Parce qu’elle ne s’inscrit pas dans la durée, à la différence des œuvres d’art, la cuisine invite de fait à l’humilité et au lâcher-prise. Autant de qualités qui nécessitent un apprentissage et un développement personnel. Encore un argument à mettre au crédit de la cuisine thérapie !
Praticien Cuisine Thérapie :
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