L’influence des autres sur nos choix alimentaires….
Je lisais il y a quelques temps un article passionnant sur la théorie du restaurant qui explique en gros comment nos choix en tant qu’individu peuvent être influencés par l’appartenance à un groupe.
Selon cette théorie, face à la pression du groupe, un individu seul « préfère imiter le groupe (et donc se tromper) plutôt qu’avoir raison tout seul ».
Cette influence des autres sur nos prises alimentaires, c’est ce qu’on appelle le modelage. Et cela arrive bien plus souvent qu’on ne le croit que le groupe décide pour nous !
C’est par exemple cette sorte de « réflexe primitif » qui nous fait prendre la même chose que les autres convives au restaurant !
Et oui, nos voisins de table inspirent directement nos choix de plats.
Voire les dictent, si l’on attend tout bonnement qu’ils se soient positionnés avant de s’exprimer à notre tour !
Allez, avouez, cela vous est déjà arrivé, alors que toutes les têtes sont plongées avec concentration dans la carte, d’être la petite voix qui interroge « vous faites quoi, vous prenez le menu ? ».
Rassurez-vous, c’est humain, on fonctionne beaucoup et souvent comme ça, et des études montrent même qu’on est « beaucoup plus heureux quand on a fait un choix similaire à celui des autres convives ».
OK mais ça vient d’où ?
S’intégrer au groupe
La raison est simple : en calquant notre choix sur celui des autres, on marque inconsciemment notre souhait de nous intégrer au groupe.
Manger comme l’autre nous invite à faire preuve de solidarité avec lui, à accepter ce qu’il est.
C’est d’ailleurs cette même volonté d’intégration qui nous conduit à ne pas refuser un mets local lorsqu’on est invité par des hôtes à l’étranger, même si leur culture gastronomique est très différente de la nôtre.
Par une sorte de mimétisme au restaurant, on rejoue « la parenté par la bouillie » chère au sociologue Jean-Claude Kaupfmann : le fait de se retrouver ensemble pour manger et partager la même nourriture. Il s’agit à vrai dire presque d’un acte de communion par lequel la tablée incorpore et socialise.
Besoin de se rassurer
Autre explication à notre tendance à faire comme les autres, le besoin de se rassurer.
Très souvent en effet, faire différemment est appréhendé comme une prise de risque. Sortir des sentiers battus en essayant un plat nouveau plutôt que la sempiternelle et classique spécialité de la maison, c’est prendre le risque de se tromper et d’être déçu.
Cette aversion au risque nous pousse bien souvent à rester dans nos habitudes et à reproduire les mêmes expériences gustatives dans certains restaurants. Voire à tourner d’ailleurs sur quelques établissements testés et approuvés, sans s’aventurer ailleurs.
Envie de se lâcher
Prendre comme les autres, c’est aussi parfois l’occasion de se lâcher, de justifier un comportement désinhibé sous couvert qu’on n’est pas le seul.
Des études récentes montrent par exemple que nous commandons beaucoup plus au restaurant si nous sommes servis par des employés en surpoids ou qu’on aura tendance à manger plus si l’on voit un compagnon de table manger beaucoup.
L’hyperphagie (le fait de manger en trop grandes quantités) ou plutôt la convivialité est communicative et s’y adonner en groupe aurait quelque chose de déculpabilisant. La caution du groupe pour lâcher de temps en temps du lest sur son comportement habituel, ce peut être au choix festif, salutaire ou carrément jouissif. Là aussi, je suis sûre que cela parle à tout le monde, non ?
Evidemment, d’autres raisons peuvent nous conduire à pendre la même chose que l’autre au restaurant :
- l’envie de simplicité ou la flemmardise face à une carte trop compliquée ou trop détaillée
- l’envie de faire confiance au choix de l’autre et de se laisser guider par lui
- le désintérêt pour le fait de manger et la priorité donnée aux échanges à table…
Le secret pour ne pas être influencé au restaurant ?
Du coup, quel est le secret pour avoir véritablement ce qu’on veut quand on passe une commande au restaurant ?
La solution comme toujours, c’est de rester centré sur ses besoins propres…. et de se prononcer en premier !
Et oui, c’est souvent la solution la plus évidente pour ne pas se laisser influencer.
Personnellement, autant j’arrive à faire l’impasse sur le dessert faute de faim, autant je suis admirative de ceux qui sont systématiquement à l’écoute de leurs besoins authentiques, et sont capables de se contenter d’un plat quand toute la tablée opte pour un menu.
A condition bien sûr qu’ils ne le fassent pas pour se distinguer et ne surtout pas faire comme tout le monde !
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