Vous manquez d’inspiration et vous avez peur de sortir des sentiers battus en cuisine et vous avez l’impression de faire toujours les mêmes plats ? Vous n’en pouvez plus de préparer des repas plusieurs fois par jour et vous vivez la cuisine comme une obligation voire comme une corvée ? Vous préférez manger à l’extérieur ou êtes un adepte de la livraison à domicile faute d’avoir le temps et/ou l’envie de vous mettre aux fourneaux ? Vous ne cuisinez pas parce que vous avez peur de vous y mettre et vous êtes persuadé(e) que ce n’est pas un truc pour vous ?
Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul(e) et surtout, ce n’est pas une fatalité ! La cuisine peut à bien des égards être vécue comme un moment dénué de plaisir, inconfortable voire douloureux… mais (re)trouver le plaisir simple et décomplexé de cuisiner, c’est possible en suivant ces quelques suggestions.
Si vous préférez lire, rendez-vous sous la vidéo.
1/ Dédramatisez !
La cuisine, ce n’est rien d’autre, si l’on en croit le Larousse, que « préparer et accommoder des aliments de telle sorte qu’ils soient propres à la consommation et agréables au goût ». Accessible à tous, puisqu’il paraît que même les singes savent cuisiner ! Alors bien sûr, il y a des grands chefs et des cuisiniers hors pair qui ont érigé la cuisine au rang d’art, mais n’oubliez jamais que leurs compétences sont issues d’un long apprentissage : ces personnes ont appris à marier les saveurs et ont beaucoup pratiqué avant de mitonner des plats inoubliables. Au quotidien, cuisiner c’est plus simple que cela et ça ne veut pas nécessairement dire passer des heures en cuisine ni même suivre une recette compliquée. Dès lors que vous préparez et assemblez des ingrédients, qu’il y ait cuisson ou pas, que ce soit pour vous seul ou pour des convives, vous êtes en train de cuisiner. En fait, pour faire court, cuisiner c’est tout ce qui se passe en amont avant de manger : choisir des ingrédients, décider de ce dont on a envie de manger, préparer un plat, dresser et présenter le tout dans un contenant approprié et enfin se préparer à savourer. Donc oui, c’est indéniable, vous savez cuisiner !
OK maintenant que vous vous reconnaissez cette compétence, il est possible que n’ayez pas forcément des idées, que vous ne sachiez pas par où démarrer ou que vous en ayez marre de faire toujours la même chose ? C’est là qu’intervient ma 2ème recommandation.
2/ Partez faire vos courses sans liste et laissez-vous inspirer par le marché.
Le hic en cuisine, c’est très souvent de choisir une recette pour se lancer : on commence par penser la recette avec la tête, par s’imaginer le résultat, par se demander si on est capable de réaliser le plat. C’est pourquoi je vous propose de faire les choses à l’envers et de partir au marché sans idée particulière, la tête vide mais les sens aux aguets ! Essayez par exemple d’acheter des produits que vous n’achetez pas d’ordinaire ou que vous n’avez jamais cuisinés (que ce soit des légumes, des fruits, du fromage ou des herbes aromatiques). Une seule règle, allez vers la nouveauté sans vous demander ce que vous allez en faire. Ecoutez juste si les aliments vous « appellent ». Vous pouvez aussi investir dans des huiles ou des condiments originaux (huile de pépins de courge, de sésame ou de cacahuètes, chutney à la mangue, fruits séchés…), le choix est infini et permet vraiment de débrider sa créativité. Et vous allez voir que peu de choses suffisent pour changer la saveur d’un plat et se conforter dans l’idée que ce n’est pas si compliqué de se faire plaisir en cuisine !
De retour chez vous, c’est là que les choses peuvent se corser si vous vous retrouvez face à quelqu’un qui vous pose la question fatidique « qu’est-ce qu’on mange ? », d’où l’importance de ma 3ème recommandation.
3/ Offrez-vous un moment rien qu’à vous !
Pour (re)découvrir le plaisir de cuisiner, il faut souvent en passer par une bulle pour vous retrouver en cuisine et avoir la liberté de faire comme bon vous semble et au rythme qui vous convient ! Sans se sentir tenu de faire un plat qui correspond aux goûts des autres, sans sollicitation intempestive qui empêche de se centrer sur soi, sans objectif d’être prêt à passer à table à telle heure. L’idée est bien ici de vous offrir un moment d’intimité juste pour vous. Très souvent, le fait de ne pas avoir de convive à nourrir et de ne pas se fixer de contrainte de temps suffit à faire tomber la pression et à être dans le simple plaisir de faire et d’apprendre avec ses mains. N’hésitez pas à mettre en place un rituel (musique douce, chants de la nature…) pour vous aider à vous reconnecter à vous. Bien sûr, pour que cette pause soit la plus relaxante possible, éloignez les portables et autres écrans électroniques !
OK vous êtes bien installé(e) dans votre bulle en cuisine, on fait quoi maintenant ? Du calme, du calme, on se détend !
4/ Prenez le temps de sentir, toucher, caresser, respirer, goûter les aliments que vous avez devant vous.
Respirez profondément, fermez les yeux quelques minutes si cela vous est agréable et essayez d’être pleinement présent(e) à ce que vous vivez. N’oubliez pas que la cuisine est une expérience corporelle et sensorielle avant tout, alors mettez votre tête de côté et observez vos idées et vos jugements sans vous y attacher. Et maintenant, autorisez-vous à jouer avec les aliments ! Oui, oui, vous m’avez bien entendue : étalez votre butin sous vos yeux, disposez-le comme bon vous semble (par couleurs, par saveurs, par catégories d’aliments..), sortez des ingrédients du frigo et des placards. Contemplez le tableau que vous avez devant les yeux, et laissez-vous inspirer et surprendre par les odeurs, les textures, les goûts et les couleurs. Prenez le temps de faire connaissance et d’apprivoiser les différents ingrédients, de les regarder comme si c’était la première fois et de vous laisser toucher par ce qu’ils ont à vous dire.
Vous êtes prêt(e), c’est le moment !
5/ Lancez-vous !
Commencez à éplucher et à couper des légumes, à mélanger des ingrédients, même si vous ne savez pas où vous allez, parce que le plus dur, c’est souvent de démarrer justement. Fermez les yeux et laissez venir des images sur votre écran mental, puis faites-en quelque chose. Mettez-vous en mouvement, laissez parler vos mains et vos papilles et testez des combinaisons d’ingrédients, sans vous censurer et le plus spontanément possible et surtout sans vous demander si ça va ensemble. Soyez dans une démarche « tiens, pourquoi pas ? », et oubliez tout ce que vous avez l’habitude de faire avec l’ingrédient que vous avez en face de vous. Oubliez notamment les règles diététiques et autres principes d’associations culinaires, et fiez-vous seulement à votre intuition et à vos papilles, en laissant émerger ce qui vient, sans jugement. N’hésitez pas à improviser et à être dans le jeu, amusez-vous. Si ces images ou ces mots vous parlent, imaginez que vous êtes en train de faire de la tambouille, de patouiller ou de jouer à la dînette comme lorsque vous étiez enfant. Autorisez-vous à donner libre cours à vos envies. Laissez-vous surprendre par ce qui vient.
Attention, tout ça marche à une seule et unique condition…
6/ Ne vous fixez pas d’objectif de résultat !
On l’a déjà dit, mais mieux vaut le répéter : il ne s’agit pas de faire un menu complet, ni même un plat spécifique. On n’est pas au boulot, lâchez avec le résultat, acceptez de ne pas savoir à l’avance ce que vous allez faire et d’être simplement à l’écoute de vos envies et de ce qui vient. Ne vous demandez pas à quoi cela va ressembler, si vous saurez reproduire votre plat ni même si cela sera bon. Contentez-vous (et c’est le plus dur) de porter votre attention sur ce que vous êtes en train de vivre, dans l’instant. Pas d’enjeu de résultat, pas de recette à suivre, pas de course à la performance, juste vous et quelques ingrédients que vous préparez selon vos envies sans idée préconçue. Vous êtes votre seul convive à l’arrivée et la seule chose qui compte, c’est vous. Savourez cette nouvelle forme de liberté !
A ce stade-là, la difficulté va sans doute être de vous arrêter ! Il se peut en effet que vous vous sentiez tellement concentré(e) et happé(e) par cette phase de créativité que vous ayez du mal à en sortir et à considérer que votre plat est prêt. Pour cela, une seule solution…
7/ Goûtez au fur et à mesure
Cela vous permettra d’ajuster en fonction de vos sensations et de ressentir quand c’est le moment de mettre la touche finale. Goûter, c’est le secret des grands chefs car la cuisine n’est pas une science exacte, et c’est tant mieux. Prenez le temps de décider si le plat est à votre goût et, le cas échéant, d’imaginer ce que vous pourriez changer pour l’améliorer. N’hésitez pas à tâtonner et à avancer pas à pas. La clé, c’est aussi de procéder par petites touches progressives, de tester en somme. Ne vous découragez-pas si votre plat n’est pas conforme à ce que vous rêveriez de goûter, prenez soin d’identifier ce qui vous plait et les saveurs et textures que vous aimeriez changer. Gardez en tête que tout est rattrapable : une pointe de sucre, de miel ou de sirop d’érable pour contrebalancer un excès de sel dans un plat, par exemple, et le tour est joué ! Persévérez dans votre exploration et dédramatisez. Rappelez-vous les conseils de grand-mère : avec des bons ingrédients, c’est forcément bon à l’arrivée, alors faites-vous confiance !
Quand votre plat est prêt, et pour que le plaisir soit vraiment au rendez-vous, il reste encore deux ou trois petites choses à vérifier…
8/ Dressez une belle assiette et une jolie table juste pour vous !
Prenez soin de la présentation et du visuel pour que votre repas soit une fête, parce que vous le valez bien ! Faites de la cuisine un instant agréable de bout en bout. Cela ne vous viendrait pas à l’idée de faire manger vos invités dans la casserole et debout dans la cuisine ? Alors, faites en sorte de soigner la présentation de votre repas également. Soit dit en passant, c’est souvent le reflet de la qualité du lien que l’on entretient avec soi-même. Traitez-vous comme un invité de marque et mettez les petits plats dans les grands, soignez la décoration de la table et le fonds musical si vous avez envie d’une ambiance sonore. Et surtout, n’oubliez pas 1/ de prendre en photo votre réalisation et 2/ pourquoi pas de lui donner un titre ! Poétique, abstrait, descriptif, symbolique, imagé…laissez venir sans jugement.
Il ne vous reste plus qu’à déguster…. en prenant le temps !
9/ Savourez avec vos 5 sens
Une fois que vous êtes confortablement assis, pensez à faire intervenir vos 5 sens dans la dégustation, en prenant soin d’interroger et de noter ce que votre vue, votre toucher, votre ouïe, votre odorat et votre goût ont à vous dire. Soyez à l’écoute de vos sensations corporelles et goûtez votre plat comme si vous étiez dans un grand restaurant, par petites bouchées pour en décortiquer toutes les saveurs, les textures, la température, le croquant, la longueur en bouche, les changements liés à la mastication. Ralentissez, n’hésitez pas à poser vos couverts pour vraiment prendre le temps de savourer, et racontez votre plat comme si vous deviez écrire vos impressions pour un guide gastronomique. Cela vous aidera à fixer durablement dans votre mémoire ces souvenirs gustatifs.
C’est tout ? Eh non, pour que l’expérience soit complète et que la boucle soit bouclée, il reste une dernière étape indispensable !
10/ Prenez le temps de vous féliciter franchement
Franchement, cela veut dire en évitant les « c’est mangeable », « ce n’est pas si mal », « c’est un coup de chance » et autres faux compliments qui dénigrent ou minimisent ce que vous avez fait. Félicitez-vous avec enthousiasme, comme vous le feriez pour encourager un enfant. Voyez le verre à moitié plein, vous allez forcément trouver une raison de vous complimenter : pour l’originalité de votre création, pour l’audace dont vous avez fait preuve, pour votre capacité à faire avec les moyens du bord et à user du système D, pour votre opiniâtreté et votre patience, pour le fait d’avoir osé vous accorder du temps pour prendre soin de vous…. Félicitez-vous à haute voix et célébrez cette victoire à sa juste valeur. Si vous deviez retenir un mot pour décrire l’état dans lequel vous vous sentez après cette expérience, quel serait-il ?
Ces quelques conseils peuvent aider à changer sa vision de la cuisine (et plus largement, sa vision de soi…. cuisine thérapie oblige), et permettre de passer en moins de temps qu’il ne faut pour le dire d’un « je ne sais pas cuisiner » à un « je ne suis pas si nul(le) en fait, je manque seulement de pratique ou de confiance en moi ». Comme toujours, expérimenter est la clé pour apprendre des choses de soi et transformer ses croyances. Vous savez ce qu’il vous reste à faire maintenant ?
Praticien Cuisine Thérapie :
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très belle invitation pour se réconcilier avec la cuisine qu’on peut souvent considérer comme une corvée ds notre quotidien rythmé… et aussi une belle invitation à ralentir et à se surprendre soi-même … pour muscler notre estime de soi !! oui j’ai bien envie de suivre ces conseils et ce mode opératoire simple (réalisable donc !) et gourmand … Merci Papilles créatives !
De rien ! Contente que ces quelques suggestions donnent envie de se lancer et de se surprendre 🙂 Belle exploration alors !
un vrai plaisir… la lecture de cet article – merci
Merci à vous pour ce joli retour, je suis ravie que cet article vous ait plu 🙂 Belle journée !
Merci pour ce moment visuel et aussi les superbes conseils.. Dans les peurs je me suis rendue compte qu elles pouvaient impacter d autres domaines.. Ç est très intéressant.. Merci pour cette légèreté pour arriver au lâchez prise
Avec plaisir Murielle !! Ce qui se passe en cuisine révèle souvent ce qu’il peut se passer ailleurs, c’est sûr !
Belle journée avec vous et merci pour votre partage !