Etre convaincu des bienfaits de la cuisine thérapie, c’est partir du constat simple que la cuisine en dit long sur nous. Les gens qui n’aiment pas cuisiner par exemple ont plein de bonnes raisons : manque d’apprentissage, peur de mal faire, refus de passer du temps en cuisine et/ou sensation d’avoir mieux à faire, manque d’idées, résistance par rapport au modèle de la mère nourricière…
Parmi ces raisons, il en est 2 qui m’interpellent particulièrement :
- La 1ère se base sur le constat factuel et sans appel selon lequel rien ne va perdurer des créations culinaires. Art ou activité éphémère par excellence, ce qui se crée dans la cuisine va ensuite se déguster puis disparaître, et finir broyé et digéré. En un rien de temps souvent, à tel point que l’investissement passé en cuisine peut parfois sembler disproportionné comparativement à la rapidité avec laquelle les plats sont engloutis à peine posés sur la table !
- La 2ème raison pour laquelle certaines personnes n’aiment pas cuisiner tient à l’absence de compliment des convives que ces personnes ont à cœur de nourrir. Faute de recueillir des compliments ou a minima une forme de reconnaissance, elles considèrent alors que les efforts consacrés à la cuisine n’en valent pas la peine.
Or que comprendre de ces deux postures ? Est-ce à dire que ce qui n’est pas tangible et pas suffisamment gratifiant ne vaudrait pas la peine d’être vécu et expérimenté ? Faut-il comprendre que la fugacité et la temporalité de nos œuvres, le caractère éphémère de ce qu’on produit et le défaut de reconnaissance de l’autre ou le manque de gratification par autrui nous enlèvent non seulement toutes raisons d’agir mais aussi tout plaisir et toute possibilité de satisfaction de nos actions ? S’il faut forcément laisser une trace dans la durée et être reconnu, qu’est-ce qui pousse des artistes illustres inconnus à réaliser des œuvres d’art qui nécessitent persévérance, abnégation, humilité et patience et ne sont jamais assurées d’un résultat ?
Et si le secret, c’était justement de lâcher avec ces objectifs de résultat (faire quelque chose de tangible, avoir la reconnaissance d’autrui) et de revenir à soi ? S’il s’agissait finalement de faire pour soi (ce qui signifie déjà de trouver les raisons et les leviers de motivation en soi, et non pas hors de soi) ? S’il suffisait de faire pour le simple plaisir de faire, et dans le cas qui nous occupe, vivre une expérience culinaire et éprouver la joie de la dégustation voire du partage ? Changement radical de perspective pour nous qui sommes très souvent habitués à faire pour, à chercher des explications à nos moindres actes, à justifier pourquoi (et pour quoi ?) nous « perdons du temps » avec telle ou telle activité. La cuisine peut permettre ce changement de lunettes, quand on accepte de la faire gratuitement, pour se faire plaisir à soi avant tout.
Vous l’aurez compris, il s’agit de substituer le « Tout ça pour ça ! » qui véhicule déception, frustration et souvent découragement par le triomphal « C’est moi qui l’ai fait » qui opère un retour à soi et parle de joie pure et saine, de gratification, de spontanéité et n’ayons pas peur des mots d’auto-satisfaction !
Praticien Cuisine Thérapie :
10 questions pour savoir si ce métier est fait pour moi
Complètement d accord avec le fait que la source de motivation la plus durable est intrinsèque cf le livre de Daniel Pink « La vérité sur ce qui nous motive » et qu’ elle n est pas simplement nourrie par les autres. Nous avons perdu en devenant adulte l habitude de s auto complimenter …il suffit d observer les enfants montrant leur dernier chef d oeuvre « il est beau mon dessin hein ? » Oui on a besoin de reconnaissance mais on peut accorder à soi qqs beaux compliments qd c est mérité ! nul besoin d attendre quoi que ce soit des autres, apprenons à re devenir bienvaillant avec nous même ! Et oui l art peut être éphémère (on peut citer le Land-art, le maquillage, le théâtre..) et c est tellement bon de profiter pleinement du moment présent !
Tu prêches une convaincue ! Etre bienveillant avec soi-même, tout un programme à (ré)installer chez beaucoup d’entre nous ! On a tellement peur d’être vu comme quelqu’un de complaisant, de douillet ou de prétentieux quand on se parle gentiment !
bravo …
Merci, contente que cela vous plaise. A bientôt.